La peur, l’angoisse ou encore la phobie sont des émotions que tous les enfants ont pu ressentir au cours de leur existence. Chacune de ses émotions à même le faire souffrir. Il est important pour chaque parent de ne pas dramatiser la situation, mais il ne faut pas l’ignorer non plus.
Le rôle des parents va donc d’être d’aider leur enfant à surmonter ses peurs.
La différence entre phobie, angoisse et peur
- L’angoisse est une émotion qui se manifeste sous forme de crise pouvant être jointe à des symptômes physiques parfois exacerbés. Généralement, l’angoisse est émotion ponctuelle.
- La phobie, elle, se caractérise par une peur démesurée d’un objet ou d’une situation précise.
- La peur est « une émotion intense pouvant être associée à des manifestations anxieuses comportementales, cognitives et physiologiques ». (Vera et Leveau, 1990)
La peur fait partie des émotions principales que l’enfant acquière rapidement avec la joie, la colère ou encore la tristesse. Généralement, le cerveau est à l’origine de ces réactions et génère des actions et réactions automatiques de notre corps. La peur a pour objectif d’alerter une personne face au danger ou à une menace. La peur est physiologique avant d’être psychologique.
La peur d’un point de vue neurobiologique
L’amygdale est à l’origine du décodage des émotions dont la peur fait partie. Si l’amygdale est activée, elle va déclencher chez l’enfant différentes réactions émotionnelles telles que des transpirations, des accélérations du rythme cardiaque ou encore des contractions musculaires. De plus, elle va nous permettre d’analyser, avec l’aide de nos sens (visuel, auditif, odorat, etc.) d’analyser la situation et nous préparer à nous défendre ou fuir la situation.
Que les peurs soient réelles ou imaginaires, petites ou grandes, il ne faut jamais négliger celles de notre enfant. Il faut considérer la peur comme un message de l’enfant, car c’est un moyen pour lui de s’exprimer face à une situation dans laquelle il peut ne pas avoir les mots. La peur des enfants peut venir d’expériences qu’ils ne comprennent pas et qu’ils estiment, instinctivement, menaçantes pour eux.
Plus votre enfant grandir, plus il sera à même à percevoir et s’adapter en générant des peurs plus rationnelles. Cependant, lorsqu’il est jeune et qu’il grandit dans un monde qu’il découvre tous les jours, son imaginaire (fortement développé entre 3 et 6 ans) prend une place importante pouvant ainsi générer des angoisses comme la peur des monstres cachés sous le lit, des sorcières, etc.
Votre rôle de parent va donc être de le rassurer face à ses peurs, cela faisant partie intégrante de son apprentissage. L’écoute et l’accompagnement bienveillant lui permettront de plus facilement apprivoiser ses peurs et de les dépasser. C’est comme cela qu’il prendra confiance en lui et en fera un adulte capable de surmonter les épreuves qui se mettront en travers de son chemin plus tard.
« Il y a des peurs saines, il y a des peurs démesurées, déplacées. Il y a des peurs à traverser, d’autres a dépassé, toutes sont à respecter, à accompagner. »
Isabelle Filliozat – Au cœur des émotions de l’enfant
D’où proviennent les peurs de l’enfant ?
Il existe trois types de peurs principales chez l’enfant :
La peur classique (qui apparaît et disparaît avec son développement)
La peur du noir, la peur des monstres, des fantômes ou des sorcières … et bien d’autres sont autant de peurs que les enfants connaissent au cours de leur développement. Ces émotions seront plus ou moins fortes en fonction de chaque enfant. Ces peurs sont un passage « obligatoire » qui va marquer un stade dans le développement de l’enfant. On considère ses peurs comme des peurs transitoires liées fortement à leur imagination. Les enfants, lorsqu’ils sont jeunes, ne savent pas faire la différence ente l’imaginaire et le réel. Il est important pour vous, parent, de ne pas prendre à la légère ses peurs, car elles peuvent nuire au bon développement de votre enfant et le faire souffrir.
La peur acquise
Leurs peurs acquises peuvent être définies comme des peurs liées à la souffrance ou à la douleur, comme le shampoing dans les yeux. Ces peurs sont générées suite à une expérience que l’enfant a déjà vécue. Ses peurs sont généralement révélatrices d’un choc ou d’un événement traumatisant que l’enfant a pu vivre ou être témoin lui laissant ainsi un souvenir terrible. Il arrive parfois que ce soit né de la séparation de ses parents.
En tant que parent, vous devez trouver les bons mots pour rassurer votre enfant et être capable d’en parler avec lui pour qu’il puisse mettre des mots sur ses peurs. Si vous ne trouvez pas la solution, il ne faut pas hésiter à en discuter avec un professionnel.
En le motivant et en lui redonnant confiance en lui, vous pourrez l’accompagner dans le dépassement de ses peurs.
La peur imitée
Vous avez dû le remarquer, votre enfant a une tendance à imiter tout ce que vous faites. Comme une éponge, ils ont la fâcheuse tendance à faire et refaire ce que font leurs parents. Et bien il en est de même pour vos propres peurs et vos propres angoisses. Si vous avez une peur panique des araignées, votre enfant développera la même peur. Le pouvoir du mimétisme. L’important, pour vous parents, est de ne pas transmettre vos propres peurs et vos propres angoisses à vos enfants (regard de l’autre, maladie, séparation, etc.).
Qu’elles sont les peurs les plus fréquentes chez l’enfant ?
La peur des monstres, des sorcières ou des fantômes
Ces peurs sont surtout liées à l’imaginaire de l’enfant. Pour aider votre enfant à lutter contre cette peur, il est important que vous l’aidiez à faire la différence entre son imaginaire et le réel.
Autre point, limitez la télé, les jeux visuels et autres qui peuvent être facteurs de messages violents. Les monstres qui terrifient votre bambin sont généralement liés à une mauvaise interprétation de ce qu’il a pu voir à la télévision. À noter que les contes de Disney n’aident pas trop alors, évitez tout ce qui est Blanche-Neige et les 7 nains, Bambi, la Belle et la Bête, etc. Certains livres ne sont pas non plus adaptés à tous les âges.
L’angoisse de se coucher
La peur du coucher est généralement liée à une multitude de peurs de l’enfant. Au travers de celle-ci, on peut y associer la peur du noir, la peur de l’abandon, la peur du bruit, la peur des monstres, etc. En tant que parents, vous devez trouver la meilleure solution qui lui permettra de dépasser ses peurs.
Pour cela, vous pouvez mettre en place un rituel avant le coucher en fonction de son âge qui va aider l’enfant à se relaxer (ex. : bains, histoires, etc.). Votre enfant à besoin d’être rassuré alors soyez attentifs aux signes.
Vous pouvez aussi organiser la chambre de votre enfant de manière à ce qu’il se sente en sécurité. Pour des idées d’aménagement, nous vous invitons à découvrir la méthode Montessori.
La peur d’aller à l’école
La peur d’aller à l’école est une crainte difficile à identifier, car elle peut être synonyme d’angoisses diverses : angoisse de la séparation, peur d’un professeur, d’un camarade de classe, peur des mauvaises notes, etc.
Qu’elles soient émotionnelles ou physiques, ne laissez pas ces peurs s’installer trop longtemps en votre enfant au risque de le perturber à long terme. Dans des situations comme celle-ci, il est important, dans parler avec votre enfant pour qu’il puisse mettre des mots sur ses angoisses. Si vous constatez que cela ne fonctionne pas, prenez directement rendez-vous avec le maitre des écoles, ou les parents de l’autre enfant (le cas échéant) pour en discuter et ainsi améliorer la situation.
Quelle attitude prendre pour lutter contre les peurs de l’enfant ?
Chose importante, chaque enfant éprouve des peurs et celles-ci sont toutes réelles. Pour vous parents, vous devez être capable de jouer entre empathie et limites à fixer pour aider votre enfant à surmonter ses peurs.
Pour aider votre enfant, vous devez avant tout le rassurer et lui dire qu’on est là pour lui. De cette manière, vous allez instinctivement lui faire comprendre que vous êtes là pour le protéger. Cependant, vous devez aussi être capable d’être cohérent et ferme face à la situation et que vous restez externe à ces peurs même si vous comprenez sa situation.
Quand peut-on déduire qu’une peur est anormale ?
Généralement les enfants âgés entre 3 et 6 ans développent des peurs classiques comme la peur des araignées, des chiens, de se coucher dans le noir. Certes, ces peurs sont réelles, mais vous ne devez pas le « couver », car elles se manifestent généralement durant la période œdipienne et s’estompent par la suite. En revanche, si vous constatez que ces peurs persistent après la période œdipienne, autour de 7 – 8 ans, et qu’elles deviennent invalidantes pour votre enfant dans son quotidien, il serait intéressant d’en discuter avec un spécialiste.
En fonction de l’âge, différentes méthodes existent. Pour les tout petits, des entretiens parents-enfants permettent de détecter l’élément déclencheur de la peur. Une fois détectée, la peur, ou la phobie s’estompera vite.
Pour les enfants plus âgés, il est possible de mettre en place des thérapies comportementales basées sur la relaxation, la visualisation ou encore les mises en situation.
5 astuces pour aider votre enfant à surmonter ses peurs
Ces astuces ont pour objectif d’aider votre enfant à comprendre, par étape, ses craintes et l’aider à les surmonter en lui donnant les moyens de s’exprimer sur toutes ses formes.
Les imitations
Le jeu d’imitation à pour objectif est de faire revivre à son enfant, de manière contrôlée, les origines de ses peurs afin qu’il puisse exprimer ses sentiments et de pouvoir s’y confronter pour mieux les maîtriser.
De cette manière, votre enfant sera plus à mime à s’affirmer et construire son identité.
Cache-cache
Le jeu du cache-cache à pour objectif de vaincre la peur de l’abandon et de la séparation. Le cache-cache va lui permettre de vaincre « seul » la peur de se retrouver seul.
Se déguiser
L’approche du déguisement a pour but de combattre la peur des monstres. En revêtant un costume, il s’appropriera plus facilement l’univers et s’inventera des histoires où il est le héros et ainsi lutter contre sa peur.
Les travaux manuels
Que ce soit le dessin, le sport, la peinture, etc. Les activités à caractère artistiques ou sportives vont permettre à l’enfant de revenir sur ses peurs de manière inconscientes. Lorsqu’un enfant ne peut mettre de mot sur sa peur, une feuille blanche peut être une solution adaptée. Une fois le dessin de sa peur fait, discutez-en avec lui et analysez la situation pour l’encourager à la vaincre.
La lecture
La lecture est aussi un bon moyen d’explorer les peurs de son enfant. Prenez le temps de lire des livres traitant des sujets de ses peurs. Les livres lui permettront de comprendre et prendre conscience qu’il n’est pas seul à vivre avec ces peurs et qu’il peut les surmonter.
Au final, les livres vont lui permettre de dédramatiser la situation, à s’exprimer et ainsi vaincre sa peur. En plus, c’est une bonne base pour l’imagination et son développement personnel.
© Crédit photo : Laure Fauvel